Selon France-info
Pour lutter contre l’émergence de variants plus contagieux, l’instance recommande de ne plus porter de masques en tissu de catégorie 2, ni de masques artisanaux.
Face à la propagation de nouveaux variants du coronavirus, plus contagieux, les Français vont-ils devoir changer de masques ? Dans un avis transmis dimanche à la direction générale de la santé (DGS), le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande désormais l’utilisation de modèles chirurgicaux ou en tissu de catégorie 1 selon la norme Afnor, dans un avis qui n’a pas encore été publié, ont indiqué deux de ses membres à franceinfo, lundi 18 janvier, confirmant une information de La Voix du Nord. Les masques de catégorie 2 et ceux fabriqués de façon artisanale ne sont plus conseillés.
« On ne réfute pas l’utilisation des masques qui est faite jusqu’à maintenant », assure à franceinfo Daniel Camus, membre du groupe de travail du HCSP sur les masques. Le changement des recommandations s’explique uniquement par l’apparition de variants plus contagieux. « Comme nous n’avons pas de nouvelles armes contre eux, la seule chose que l’on peut faire est d’améliorer celles dont on dispose déjà », à commencer par les masques que l’on porte.
Des masques qui filtrent au moins à 90%
Une situation qui nécessite, aux yeux du HCSP, d’abandonner les masques faits maison, « qui ne sont pas testés en termes de performance », explique à franceinfo Didier Lepelletier, coprésident du groupe de travail permanent Covid-19 de l’instance. De même pour les masques industriels en tissu qui respectent la norme Afnor de catégorie 2 (ou UNS2) : celle-ci garantit qu’ils filtrent au moins 70% des particules de trois micromètres, contre 90% pour les masques de catégorie 1 (ou UNS1).
« Les industriels ne fabriquent de toute façon plus beaucoup de masques de catégorie 2 », assure Didier Lepelletier. Cependant, vous en avez peut-être encore dans vos placards. Pour les reconnaître, sachez que le type de certification devrait être indiqué sur leur étiquette. Ce n’est donc pas la totalité des masques en tissu qui est déconseillée. Ceux de catégorie 1 sont « au moins aussi performants » que les masques chirurgicaux, « voire plus », indique Didier Lepelletier. Ils ont aussi l’avantage d’être réutilisables. Les masques chirurgicaux restent cependant recommandés eux aussi.
Le HCSP ne plaide pas, en revanche, pour l’utilisation par le grand public des masques FFP2. « En population générale, cela ne me semble pas raisonnable », explique Didier Lepelletier, car « on le porterait mal » et il est « démontré » qu’une étanchéité totale est nécessaire pour que le FFP2 ne perde pas en efficacité. « Il faudrait déjà demander aux industriels de les fournir en plusieurs tailles différentes aux soignants », qui ont eux-mêmes parfois des problèmes avec ces modèles.
Au « pouvoir politique » de trancher
Dans son avis le plus récent sur les masques, qui date du 29 octobre, le HCSP recommandait déjà « de préférence » d’utiliser des masques de catégorie 1, mais estimait que ceux de catégorie 2 « [pouvaient] être utilisés », et que le port d’un masque artisanal avait le mérite d’être « plus protecteur que l’absence de masque ».
Le HCSP a été saisi dimanche par la DGS, qui dépend du ministère de la Santé. Celui-ci n’a pas encore réagi à ces nouvelles recommandations, lundi après-midi. Il n’est pas obligé de les répercuter, même si les avis du HCSP sont souvent suivis. Le port de masques pas assez protecteurs peut-il être interdit, voire sanctionné ? Ce n’est pas au HCSP de se prononcer sur les moyens d’appliquer ses conseils, explique Didier Lepelletier : « Nous écrivons des avis scientifiques. ‘Obligatoire’, c’est un mot politique. Je laisse le pouvoir politique décider. »
« Il faut déjà que les règles soient appliquées et contrôlées, ajoute-t-il. Les masques portés sous le nez, ce n’est plus acceptable. » Si c’est le port du masque qui est concerné par ce nouvel avis, les autres mesures – jauge dans les lieux publics clos, nettoyage des surfaces, aération régulière, lavage des mains, gestes barrières et distanciation – restent déterminantes. « Penser que l’on va modifier une seule de ces mesures et que ça arrêtera le virus, c’est se mettre le doigt dans l’œil », prévient-il.
Dans son avis, le HCSP rappelle d’ailleurs qu’il recommande désormais de respecter une distance de deux mètres entre les personnes pour limiter les risques de transmission du virus.