Jean Castex écarte la possibilité d’un nouveau confinement, pour l’instant

Le Monde avec AFP et Reuters
Publié aujourd’hui à 17h53, mis à jour à 22h06

« Un nouveau confinement ne peut s’envisager qu’en tout dernier recours », a insisté le premier ministre, en appelant à « la mobilisation des Français ». Seule Mayotte connaîtra un confinement de trois semaines.

Lors de la conférence de presse sur les mesures de lutte contre le Covid-19, le 4 février à Paris.

« La situation ne justifie pas à ce jour » un nouveau confinement généralisé, a déclaré, jeudi 4 février, Jean Castex, tout en affirmant que l’exécutif n’hésiterait pas à agir en ce sens en cas de « dégradation forte et rapide » des indicateurs sanitaires en raison de l’épidémie de Covid-19. Seule Mayotte connaîtra un confinement d’au moins trois semaines à partir de vendredi soir.

« Un nouveau confinement [généralisé] ne peut s’envisager qu’en tout dernier recours », a insisté le premier ministre lors de la conférence de presse hebdomadaire du gouvernement sur la situation sanitaire. « L’objectif que nous devons nous fixer, ce n’est pas de retarder cette échéance, c’est de tout mettre en œuvre pour l’éviter », a-t-il martelé, notant que la situation reste « fragile » avec un passage, en l’espace d’un mois, de 3,3 % à 14 % de la part des malades atteints par les variants plus contagieux, alors que quatre premiers cas d’infection au variant brésilien ont été détectés en France, a annoncé le ministre de la santé, Olivier Véran.

Ces annonces ont eu lieu alors que plus de 23 000 nouveaux cas de contaminations au Covid-19 ont été enregistrés lors des dernières vingt-quatre heures en France, où la pression hospitalière reste élevée, selon les données de Santé publique France publiées jeudi. Les hôpitaux accueillent actuellement 27 766 patients, dont 3 240 dans les services de réanimation. Trois cent soixante nouveaux décés liés au Covid-19 ont été déclarés.

Une situation sanitaire « fragile », mais « stable »

Jean Castex a commencé son allocution en rappelant que la situation sanitaire restait « fragile » : « Chaque jour, la France enregistre une moyenne de 20 000 nouvelles contaminations, 1 600 nouvelles hospitalisations avec 320 personnes décédées. »

Le premier ministre a, cependant, assuré que la France n’a pas connu « de nouvelle vague épidémique d’ampleur » au cours des dernières semaines et que si les chiffres sont « élevés », ils restent « stables » :

« Le taux de mortalité au virus est, au cours de cette deuxième vague, l’un des plus bas d’Europe. La circulation du virus n’a pas sensiblement augmenté au cours des deux dernières semaines et le taux de positivité des tests reste globalement stable. »

Pour Jean Castex, ces chiffres sont le fruit des mesures prises par le gouvernement : « Nous n’avons pas attendu pour prendre des mesures strictes dès octobre dernier et nous avons fait le choix de ne pas les lever complètement quand nos chiffres se sont améliorés en fin d’année. Nous avons su nous adapter dès les premiers signes d’un début de reprise épidémique au début du mois de janvier », s’est-il félicité, faisant référence à la mise en place du couvre-feu à 18 heures dans tout le pays« Notre stratégie a été graduée : elle s’est adaptée en permanence à l’évolution de la situation, tout en restant responsable et cohérente dans la durée », s’est-il encore défendu.

« L’heure n’est pas au relâchement de nos efforts », a-t-il toutefois prévenu, avant le début des vacances d’hiver qui commencent vendredi pour la zone A. « Nous devons éviter tout relâchement. Comme vous l’avez fait à l’occasion des fêtes de fin d’année, je vous invite à la plus grande prudence durant ces congés. »

Mayotte reconfinée pour trois semaines, ses écoles fermées

Le gouvernement a autorisé le préfet de Mayotte à placer la totalité de son territoire « en confinement généralisé » pour au moins trois semaines, à compter du vendredi 5 février à 18 heures. Dans un message publié sur Twitter, le préfet précise que « les déplacements entre Mayotte et le reste du territoire national restent possibles » à condition que les voyageurs soient en mesure de présenter « une attestation et de justificatifs de motif impérieux et un résultat de test PCR datant de moins de soixante-douze heures ».

Trois communes de Mayotte (Bouéni, Pamandzi et Dzaoudzi-Labattoir) étaient déjà confinées depuis lundi 1er février, « du fait de l’observation de taux d’incidence particulièrement élevés », a rappelé le ministère des outre-mer dans un communiqué.

Dans le cadre de ce confinement, « les écoles et établissements scolaires seront fermés, en raison du nombre de cas très importants détectés chez les jeunes, à la différence de l’Hexagone et qui s’explique sans doute par la forte circulation du variant [sud-africain] ».Lire le détail : le gouvernement reconfine Mayotte pour trois semaines

Le télétravail « impératif »

« Télétravailler partout où c’est possible devient impératif », a ajouté Jean Castex jeudi, regrettant que, depuis la fin de l’année, le recours se soit réduit. « Il y a encore trop d’entreprises où le télétravail serait possible mais n’existe pas du tout ou à des niveaux très faibles », a-t-il déploré, en invitant les administrations publiques à « montrer l’exemple ».

Le recours au télétravail « s’érode progressivement depuis fin novembre », a ensuite souligné la ministre du travail, Elisabeth Borne. Selon une enquête Harris Interactive réalisée pour le ministère du travail, parmi les actifs pouvant télétravailler facilement, 36 % n’ont pas télétravaillé la semaine du 18 au 24 janvier, contre 30 % la semaine du 2 au 8 novembre. Et la part de ceux télétravaillant à 100 % est passée de 45 % en novembre à 30 % en janvier.

La ministre du travail a demandé « à chaque entreprise de se mobiliser sans délai » sur « deux priorités » : « réduire la part des salariés qui ne télétravaillent pas du tout » et faire que ceux « qui télétravaillent aujourd’hui un, deux ou trois jours par semaine, fassent au moins un jour de télétravail de plus ». Mme Borne a précisé qu’elle allait réunir « en début de semaine prochaine » les branches professionnelles où le télétravail a fait l’objet d’un « relâchement plus prononcé ».

Vaccins : 1,7 million de rendez-vous supplémentaires

Quelque 1,7 million de rendez-vous supplémentaires pour des premières injections de vaccins contre le Covid-19 seront ouverts « dans les prochains jours » – 500 000 rendez-vous pour fin février seront proposés à partir de vendredi, puis 1,2 million sur le mois de mars –, a par ailleurs annoncé Jean Castex. Le ministère de la santé n’a pas précisé si les 500 000 rendez-vous devant ouvrir vendredi étaient les mêmes que ceux dont il avait décalé la semaine dernière l’ouverture, ou s’il s’agissait de nouveaux créneaux.

L’accélération du rythme de vaccination va être rendue possible par l’arrivée du vaccin d’AstraZeneca, qui sera utilisé en France à partir de samedi, a-t-il précisé. Le premier ministre a ajouté que la première livraison de ces vaccins « sera affectée aux établissements de santé, pour protéger les professionnels de santé, hospitaliers et de ville ».

« La campagne de vaccination suit désormais un rythme soutenu : nous avons hier vacciné plus de 100 000 personnes, dont près de 70 000 en première injection », a assuré Jean Castex. « Nous gardons pour objectif de proposer la vaccination à toutes les personnes de plus de 65 ans d’ici le mois de mai et d’avoir couvert tous les Français adultes d’ici la fin de l’été », a-t-il ajouté, confirmant l’objectif fixé mardi soir sur TF1 par Emmanuel Macron.

Le Monde avec AFP et Reuters